De
Gwynplaine au Joker, le rire a basculé du bon vers le mauvais. Alors
que chez l'un, le rire n'était qu'illusion, chez le second, le rire
a contaminé l'âme et le cœur. En effet, alors que Gwynplaine se bat contre le chaos, le Joker représente le
chaos. Il le crée, le propage. Cette nouvelle symbolique du rire,
déjà amorcée par Victor Hugo par l'intermédiaire de divers
personnages, est d'autant plus présente à notre époque.
Le
Joker, avatar moderne et démoniaque de Gwynplaine, est un personnage célèbre, à l'inverse de l'anti-héros de Victor
Hugo. En effet, alors que le roman de l'écrivain français n'avait
pas eu le succès escompté lors de sa publication, et même encore
de nos jours, l'adaptation (très libre) d'un de ses personnages est
devenue populaire à travers le monde entier. Le Joker incarne le
motif du rire « noir » et « pervers ». Mais
ce rire reste un mystère. En effet, tour à tour « agressif,
moqueur, angélique, prenant les formes de l'ironie, de l'humour, du
grotesque, il est multiforme et ambigu. Il peut aussi bien exprimer
la joie pure que le triomphe mauvais, l'orgueil aussi bien que la
sympathie »1. Le rire possède en ce sens une double fonction évidente, à l'image de la figure du monstre.
Notes de bas de page
1- MINOIS
Georges, Histoire
du rire et de la dérision, Paris
: Fayard, 2000, p. 10